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Audacia :
lève-toi et parle !
Cette présentation vise à accompagner les personnels qui souhaitent s'engager dans un enseignement de l'éloquence et/ou organiser un concours d’éloquence.
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Comment créer une émulation au sein d’un établissement scolaire ? Comment enseigner l’éloquence ? Comment oser ?
Ces questions posées par la Cardie permettent de réfléchir sur le projet Audacia et l’enseignement de l’éloquence. Je les remercie pour leur sollicitation.
Prendre la parole n’est pas chose aisée, c’est même l’une des grandes peurs des Français. Vous êtes à l’aise devant vos élèves mais il est difficile de vous exprimer devant des adultes ? Vous êtes le professeur discret qui rougit s’il doit prendre la parole au cours d’un conseil de classe ou devant sa hiérarchie ? Vous pouvez tout de même enseigner l’éloquence. Vous vous formerez en même temps que vos élèves et même si la crainte ne disparaît pas, vous saurez la maîtriser.
I/ Enseigner l’éloquence…
L’idée d’enseigner l’éloquence est séduisante : elle donne envie d’améliorer son enseignement ou de changer le quotidien de ses classes. Nous savons d’emblée qu’elle apportera des compétences significatives aux élèves. Pourtant, la première année, cette éventualité peut effrayer. Mes connaissances sont-elles suffisantes ? Comment enseigner "l’art de bien parler" quand on est loin d’être un parfait orateur ?
Pour rassurer et démystifier cet enseignement, il est important de rappeler quelques éléments.
- Tout le monde survit à une prise de parole ratée.
Mesdames et Messieurs, un nouveau monde s’offre à vous : il existe pléthore d’astuces pour compenser ce moment et ne pas défaillir devant une assemblée.
J'ai connu - et connais encore - des prises de parole durant lesquelles je bégayais ou cherchais mes mots. L’une de mes astuces est de dire « ne me demandez pas quel est mon métier ». Ironiquement, ou grâce à l’effet Audacia, on me dit souvent que je suis éloquente. La perception est à l’opposé de ce que je ressens lorsque je dois prendre la parole. Je tremble intérieurement et il est hors de question de tenir un papier au risque d’être repérée. Une chose me rassure, il y a un immense écart entre ce que l’on renvoie et ce que l’on pense renvoyer. La peur de prendre la parole ne disparaît pas, elle est maîtrisée grâce à la formation. Un autre point rassurant, il est très rare de rencontrer des personnes qui ne partagent pas cette appréhension.
- Le public est bienveillant.
Lorsque vous vous rendez à une représentation, que souhaitez-vous ? Vivre un bon moment. Vous avez peut-être déjà été témoin d’une prise de parole maladroite ou confuse. Dans ce cas-là, vous savez que lorsque cela arrive, vous vous sentez mal à l’aise et faites preuve de compassion vis-à-vis de l’orateur ou l’oratrice.
- Il est tout à fait possible d’enseigner l’éloquence sans proposer un concours.
Audacia est une finalité comme une autre. Il a notre préférence car nous ne doutons pas de ses effets positifs sur les élèves et sur l’établissement. Vous pouvez imaginer d’autres finalités tout aussi réjouissantes : la réalisation d’un podcast, le débat inter-établissements, les procès de la littérature…
La première année, vous pouvez vous former en même temps que vos élèves. Il n’y a, en réalité, que très peu de différences avec la création d’une séquence plus classique. Vous pouvez réaliser vos recherches de la même manière. De surcroît, vous pourrez participer à tous les ateliers proposés aux élèves afin de poursuivre votre formation. Il n’y a aucune honte à expliquer aux élèves que vous avez besoin d’être formés. Au contraire, cela les rassure. Je me souviens d’un candidat d’Audacia à deux doigts de s’évanouir à dix minutes de la finale. Je lui avais expliqué que j’étais aussi stressée que lui. Les techniques de gestion du stress apprises grâce aux intervenants aident grandement dans ces cas-là.
Il ne s’agit pas ici de « vendre » l’enseignement de l’éloquence. Mon souhait est plutôt de partager avec mes pairs quelque chose qui rythme la vie de mon établissement et qui apporte un réel bonheur à tout le monde. Je n’exagère pas mes propos : vous serez fatigués sans nul doute la première année mais ce projet est magique. Les élèves, a fortiori ceux de l’éducation prioritaire, peuvent être sous la lumière et se rendre compte de leur éloquence.
Chaque année, tout le personnel de l’établissement, de la direction aux agents d’entretien, joue le jeu d’Audacia de novembre à avril. Audacia est également réalisé au collège Marcel Pagnol et on me contacte régulièrement pour avoir des informations sur l'organisation d'un concours d'éloquence.
Comment se crée une telle émulation ? Il est aisé de répondre à cette question : ce n’est pas moi qui change la donne. Je n’ai rien fait d’autre que de présenter le concours. Audacia est une idée qui crée à elle seule l’émulation. Tout le monde a envie de s’impliquer sans que j’en identifie pleinement les raisons encore aujourd’hui, cinq ans après la première édition. Croyez-moi, mes autres projets ne bénéficient pas d’un tel engouement de la part de mes collègues et il me faut être bien plus éloquente (ou apporter des gâteaux) pour les convaincre de participer. Pour Audacia, je n’ai pas eu besoin d’exposer des arguments. Tout le collège voulait participer. Ce sera le cas pour vous aussi. Peu importe votre lieu de travail, vous trouverez toujours des collègues séduits par l’idée et prêts à s’investir avec vous. D’ailleurs, il est primordial d’avoir quelqu’un avec vous pour organiser le concours. Sans ma collègue Amandine Mestrallet, la charge de travail aurait été bien plus conséquente.
La séquence pédagogique
Cette séquence s’organise autour du thème d’étude « vivre en société, participer à la société : agir sur le monde ». Elle est proposée à tous les élèves de troisième du collège Lucie Aubrac et est rythmée par l’intervention de nos partenaires.
Il est important de la terminer avant les éliminatoires du concours, par souci d’équité.
Vous pouvez modifier à loisir la séquence, ajouter ou supprimer des discours… Néanmoins, il me semble important de conserver ces deux séances :
- Les parties du discours
- Découvrir mon sujet
Le concours d’éloquence
La première année d’Audacia, j’ai suivi la formation en même temps que mes élèves. Le documentaire désormais célèbre A voix haute, les ouvrages des intervenants d’Eloquentia et surtout, l’implication de nos intervenants ont été essentiels pour la création du projet.
Audacia s’organise en trois temps : les éliminatoires, les demi-finales et la finale.
Nos intervenants sont :
- Byrone, artiste urbain
- Franck Adrien, comédien
- Eddy Naït Slimani, champion du monde de kickboxing et ancien élève du collège
- Yves Neff, directeur du théâtre de Givors et la compagnie Drôle d’équipage
- des intervenants du domaine juridique ou des arts du spectacle, selon l’agenda culturel de la ville.
Jusqu’aux éliminatoires, les élèves bénéficient d’une heure en classe entière avec chaque intervenant. Puis, une formation est proposée aux demi-finalistes pendant les vacances d’hiver. Enfin, les finalistes sont à nouveau formés pendant les week-ends.
II/ "La valeur ajoutée"
Toutes les personnes engagées dans le projet témoignent des bénéfices à l’échelle de l’établissement. Pendant la période Audacia, l’engouement chez les élèves est incroyable. Ils sollicitent les adultes pour répéter leurs discours et s’apostrophent dans les couloirs avec bienveillance sur leurs exordes ou leurs péroraisons. Le climat scolaire s’en trouve apaisé. Les élèves gagnent en confiance au fur et à mesure de la formation. Ils n’apprennent pas à s’exprimer car ils savent déjà le faire. Ils apprennent à s’exprimer de manière à être compris dans toutes les situations.
Par ailleurs, la compétition du concours est saine. Nous présentons cette partie de l'année comme un jeu et sommes ébaubis par la bienveillance et la solidarité entre nos élèves pendant cette période.
De plus, les collègues du lycée voisin témoignent des effets sur les productions écrites et orales de nos collégiens. Les anciens élèves d’Audacia arrivent en seconde avec un savoir conséquent sur l’éloquence et l’organisation du propos.
Enfin, les résultats de la soutenance orale du brevet sont sans appel : depuis le concours et la formation, les élèves réussissent haut la main cette épreuve.
Témoignages et ressources
Atelier "Hyde Park : le coin des orateurs"
Modalités : en demi-groupes, à l’extérieur si possible. Prévoir une pancarte Hyde Park dans la cour de récréation.
La première fiche est à compléter en classe lors du visionnage d’une vidéo explicative. Ensuite, chaque élève pioche une carte et la partie d’éloquence peut commencer !
Les fiches sont à destination des élèves.
Enseigner l'éloquence à distance...
Voici des exemples de documents administratifs.
Des ressources pour des activités autour de l'éloquence
Jouer en classe : la boîte éloquence
Cette boîte propose de multiples jeux autour de l'éloquence pour tous les niveaux.
Calendrier du projet
Témoignage
Sur le modèle de ce qui se fait depuis plusieurs années au collège de Givors, j'ai voulu lancer et porter ce concours d'éloquence au collège Marcel Pagnol.
J'ai voulu montrer que nos élèves, bien qu'issus de milieux sociaux très défavorisés, sont aussi capables que d'autres collégiens, et qu'ils peuvent réussir.
J'ai surtout voulu montrer que leurs talents oratoires réels, portés par des conseils, du travail, et de la confiance, peuvent prétendre à l'excellence.
J'ai voulu leur montrer qu'ils doivent croire en eux, en leurs potentiels, pour mieux appréhender leur avenir.
Deux années d'Audacia Pagnol, deux années contrariées par la pandémie.
2019 2020 : Tout s'est arrêté en plein vol, juste avant les demi-finales... Nous avons à peine eu le temps de voir monter l'enthousiasme des élèves, leur implication de plus en plus forte, l'émulation que suscitait un tel concours.
L'entraide, assortie d'une effervescence joyeuse, qui faisait plaisir à voir.
Et puis....tout s'est arrêté d'un coup, ne laissant aux élèves, aux professeurs, aux intervenants extérieurs, à tous, que le goût amer de n'avoir pu aller au bout de ce beau projet.
2020 2021 : Nous remontons le projet, et malheureusement, deuxième année de Covid. Cours masqués... pour travailler l'éloquence, c'est compliqué.
Nous ne baissons pas les bras, et motivons les élèves de notre mieux.
Pour cette année, afin de toucher un plus grand nombre d'élèves, nous avons imaginé en plus du concours d'éloquence, un spectacle autour des mots, réalisé par des élèves volontaires encadrés par un conteur, pour faire patienter le public pendant les délibérations du jury de la finale.
Toutes les préparations individuelles ou collectives, se sont faites hors temps scolaire, ce qui a parfois éprouvé les motivations, mais... a fait toucher du doigt l'importance de la notion d'engagement... et le plaisir d'arriver au bout, lorsqu'on a donné du temps et du travail.
Le chemin vers la finale du concours d'éloquence n'est pas linéaire. Il faut du travail et de la rigueur. Le seul "talent" ne suffit pas ici. Le chemin passe par de grands moments d'espoirs, par des découragements, mais au final, par beaucoup de joie.
Il faut être persévérant, ne rien lâcher, être là, pour motiver les troupes à tout moment.
Nos élèves ont parfois envie de tout laisser tomber, car ce parcours vers l’éloquence, c'est du travail en plus, ce sont des moments en plus à passer au collège, au lieu d'être dehors.
Lorsqu'ils se sentent accompagnés dans leur cheminement, les élèves se sentent rassurés. Ils prennent confiance en eux et ce qui est beau, ce qui nous donne l'envie de recommencer, c'est que le résultat dépasse souvent nos espérances….
--
Mme Éliane PAGES
Professeur Documentaliste
Référente Culture
Collège M Pagnol
Je me souviens des débuts d’Audacia…
Tout a commencé grâce au précieux conseil de mon ancien chef d’établissement. Alors qu’il passait par là, il s’est arrêté pour écouter les élèves en train de se préparer pour l’oral de stage. La veille, un documentaire était passé à la télévision.
Dès le lendemain, je décidai de présenter la bande-annonce aux élèves. L’instant fut magique. Je les vis happés par ce qui se passait à l’écran, presque avides d’en faire autant, comme une évidence qu’ils ne s’avouaient pas. Cette magie-là est présente à chaque nouvelle édition d’Audacia et nous la chérissons.
Ce fut mon véritable premier projet pédagogique. A cette époque pas si lointaine, je découvrais encore avec stupeur tous les mécanismes à articuler pour la moindre action à mettre en place. Je l’avoue, cela m’effrayait. Cette année-là, les élèves ont décidé à ma place. Leur envie était telle que nous avons organisé un concours sur les deux classes de troisième avec les moyens du bord. Ils sont nombreux à faire encore partie de l’aventure pour nous aider à soutenir les collégiens. Je prends le temps de les remercier une nouvelle fois ici. Vous êtes sensationnels !
Ensuite, avec l’aide très précieuse de ma collègue de Lettres plus expérimentée (Amandine, si tu passes par là : merci mille fois !), nous avons pu monter le projet. Très vite, toute l’équipe (de la direction aux agents d’entretien) est venue prêter main-forte.
Chaque année, les élèves se révèlent et nous découvrons, attendris, les plus jeunes attendre la troisième pour profiter de ce moment particulier.
La première finale a ému aux larmes tout le monde. Je crois n’avoir jamais autant senti cette démonstration de bonheur simultanément chez les élèves, les parents et le personnel.
Aux parents, je renouvelle mon soutien car je sais combien il est difficile d’élever des adolescents, particulièrement lorsque les conditions en banlieue sont si difficiles.
Aux collègues, je tairai la plaisanterie qui me vient en tête au profit d’une pensée plus sérieuse. Je me sens chanceuse d’avoir commencé ma carrière à vos côtés. Vous m’avez si souvent rassurée et soutenue que j’en sors plus sereine.
Aux élèves, votre spontanéité est votre force ! Une fois la barrière imposée par le monde (mais aussi par vous-même) écartée, vous développez une rage de vaincre inébranlable. Croyez en vous ! En dépit de mes cernes, je suis fière d’être votre professeure.
Le documentaire A voix haute est une perle rare. Il suit le parcours d’étudiants de banlieue qui découvrent l’éloquence et en sortent libérés, grandis.